EPILOGUE

Lady Catherine Somervell se regardait dans la glace en brossant ses longs cheveux sombres. L’œil critique, à l’affût du moindre petit détail. Brosser, brosser toujours et encore, mécaniquement et sans y faire le moins du monde attention. Ce n’était qu’un matin de plus, glacial, à en juger par le givre qui s’était déposé sur les fenêtres de la chambre.

Après tout, ce n’était qu’un nouveau jour. Elle recevrait peut-être une lettre. Mais en son for intérieur, elle savait bien que non.

Encore deux jours, on serait en décembre ; ensuite, mieux valait n’y pas penser. Une autre année. Une année séparée du seul homme qu’elle aimait, qu’elle pourrait jamais aimer.

Jusqu’alors, l’hiver avait été rude. Elle comptait prendre son cheval pour aller rendre visite à Nancy. Lewis, le Roi de Cornouailles, était souffrant. Il avait eu une attaque, le médecin l’avait suffisamment mis en garde depuis quelque temps.

Assise près de lui, Catherine lui faisait la lecture. Elle le sentait irrité, impatient, cet homme qui, plus que tout autre, avait pris la vie à pleines mains. Il avait murmuré :

— Plus de chasse, plus d’équitation… à quoi bon ?

Et elle lui avait répondu :

— Il faut penser à Nancy, Lewis. Essayez, pour elle.

Elle traversa sa chambre pour s’approcher du grand miroir sur pied décoré de chardons sculptés, cadeau du commandant Bolitho à son épouse écossaise. Malgré le froid, contre lequel le feu que l’on avait allumé tôt ce matin dans la cheminée ne parvenait pas à lutter, Catherine ouvrit son peignoir et le laissa retomber sur ses bras. Elle se détailla attentivement, elle avait ce regard un peu désespéré, effrayé. Elle enveloppa ses seins ravissants dans ses paumes et les pressa l’un contre l’autre, comme il avait fait si souvent.

M’aimera-t-il encore, maintenant que je suis ainsi ? Me trouvera-t-il encore belle ?

Mais quand, quand cela ?

Les nouvelles d’Amérique étaient rares et peu précises. On critiquait l’impuissance des frégates anglaises, incapables de maintenir leur supériorité habituelle contre les nouveaux bâtiments américains, plus puissants et manœuvrés de main de maître, mais cette guerre se déroulait bien loin de l’Angleterre. Les feuilles de chou se préoccupaient bien davantage des succès répétés de Wellington face aux Français et de l’espoir que l’on avait de remporter une victoire écrasante sous quelques mois.

Catherine s’habilla lentement et avec soin. Cela lui faisait un effet étrange, ne plus avoir Sophie pour l’aider, Sophie qui commençait toujours la journée par son bavardage incessant. Elle allait devoir trouver une autre femme de chambre. A Londres peut-être, quelqu’un qui lui servirait de miroir.

Elle ouvrit un tiroir et tomba sur un cadeau de Richard. Elle le prit, l’approcha de la fenêtre. L’air glacial lui coupa le souffle, mais elle ne s’en soucia guère et ouvrit l’écrin de velours. Le dernier cadeau qu’il lui avait fait, le pendentif en diamants en forme d’éventail. Lorsqu’il était suspendu entre ses seins, elle se sentait à la fois fière et pleine de défi. Ils avaient défié ensemble la société, mais conquis le cœur de tout le pays.

Elle baisa le bijou en essayant de retenir ses larmes. Il faut que je tienne bon, ce n’est jamais qu’une journée de plus. A leur manière très simple, les gens qui vivaient sur la propriété, parfois d’anciens marins estropiés de Richard, se reposaient sur elle. Ils lui faisaient confiance pour s’occuper d’eux alors que tant d’hommes du pays étaient en mer ou formés en carré sur les champs de bataille de Wellington.

Elle se pencha pour regarder dans la cour. Deux chevaux que l’on pansait, une charrette venue livrer du cidre pour les ouvriers, encore qu’il n’y eût guère de travail par ce temps froid.

Et plus loin, les arbres dénudés, les spectres déchiquetés de la pointe. Au-delà, la mer qui allait bientôt émerger comme un bloc massif, comme de l’eau emprisonnée derrière un barrage.

Comment me trouvera-t-il lorsqu’il franchira ces portes ? Plus probablement, c’est mon accueil qui le préoccupera. Il redoutait de vieillir ; son œil blessé était un tourment cruel, un signe de leur différence d’âge. Elle poussa un soupir et sortit de sa chambre. Les portraits sombres étaient toujours là et la regardèrent passer ; les visages des Bolitho. Elle s’arrêta dans l’escalier.

Et Adam ? Se remettrait-il jamais ?

Elle aperçut Bryan Ferguson, le régisseur, qui s’apprêtait à sortir de la maison : il venait sans doute de parler de ce qu’il y avait à faire aujourd’hui avec sa femme, Grâce, la gouvernante. Un homme débordant d’énergie et d’enthousiasme, en dépit de son bras unique. Il lui adressa un grand sourire et la salua en portant la main à son front.

— Vous m’avez pris de vitesse, milady ! Je ne m’attendais pas à vous voir debout de si bonne heure !

— Il est si tôt que cela ?

Ferguson la regardait. Elle était si belle, même avec son manteau d’équitation grossier sur le bras. Mais triste aussi, une autre facette que bien peu de gens connaissaient. Elle lui dit :

— Je suis prête si vous l’êtes, Bryan. Je n’ai pas envie d’un petit déjeuner.

— Ne dites jamais ça à ma Grâce, milady, lui répondit-il, elle le prendrait fort mal !

Ils sortirent, il faisait gris, et se dirigèrent vers le bureau où Ferguson tenait les comptes et les journaux de la propriété.

Elle surprit son regard qui se posait sur ses seins et le pendentif qu’elle avait mis. Elle lui dit :

— Je sais que vous devez me trouver folle de le porter. Je risquerais de le perdre je ne sais où. Mais… – elle se retourna brusquement, toute pâle : Mais, qu’est-ce que c’est ?

Ferguson aurait bien aimé que sa femme soit là, elle aurait su quoi faire.

Il entendit une détonation sourde qui roulait en écho du côté de la pointe et crut sentir la terre trembler.

Il vit le jeune Matthew arriver en courant de la cour des écuries.

— Vous avez entendu ?

Voyant Lady Catherine, il se découvrit.

— Vous d’mand’pardon, milady ! J’avais pas vu que vous étiez là !

Une autre détonation, dont l’écho se répercuta indéfiniment avant de se perdre dans l’intérieur des terres.

— Un navire en détresse ? demanda-t-elle.

Elle se sentait la bouche sèche, son cœur battait à tout rompre, elle en avait presque mal. Ferguson lui prit le bras :

— Vaudrait mieux que vous entriez, il fait plus chaud – il secoua la tête : C’est pas un navire, milady, c’est la batterie de St Mawes.

Il essayait de mettre en ordre les pensées qui se bousculaient dans sa tête, il n’entendait rien que ces coups de canon à intervalle régulier.

Le jeune Matthew se retourna en apercevant d’autres silhouettes qui émergeaient dans le froid. Il y eut un silence, puis elle s’entendit qui demandait :

— Qu’est-ce que cela signifie, Bryan ? Je vous en prie, dites-moi.

Grâce Ferguson arriva enfin en tendant ses bras potelés lorsque Ferguson répondit d’une voix rauque :

— Dix-sept coups, milady, on salue un amiral. Voilà ce que c’est !

Tout éberlués, ils se dévisagèrent jusqu’à ce que Matthew s’exclame :

— Bon sang, le major du port de Plymouth mériterait même pas ça ! Et souriant de toutes ses dents : Il revient, m’lady ! Il est là !

— Vous n’allez tout de même pas descendre à cheval dans cet état, m’lady ! lui lança Grâce Ferguson. Son mari ajouta :

— Matthew, la voiture…

Catherine s’approcha lentement du muret, là où ses roses allaient éclore, une fois le printemps venu. Il était revenu. Impossible, mais pourtant vrai. Il ne faut pas qu’il me voie comme ça. Elle sentait les larmes couler sur ses joues, sur ses lèvres, comme de l’eau salée.

— Descendons sur la côte, Bryan. Je veux le voir arriver. Les chevaux piaffaient et secouaient leur harnachement. On les fit reculer dans les bras de la jolie petite voiture dont les portières étaient ornées aux armes des Bolitho.

J’arrive, mon chéri. Tu ne reviendras jamais dans une demeure vide.

Le petit village de Fallowfield, niché au bord de la Helford, était calme et paisible, protégé du vent glacial de sud-ouest par la colline et les arbres. Pourtant, le vent était tel que même les pêcheurs les plus hardis étaient rentrés trouver refuge au port.

C’est là que se trouvait l’humble auberge avec sa fière enseigne, Au Vieil Hypérion, un vrai paradis comme toujours, fréquenté principalement par les ouvriers agricoles et des voyageurs de passage.

Et dans l’embrasure, John, le frère unijambiste d’Unis Allday, immobile dans le froid. Des années de marche et de combat avec son régiment l’avaient endurci. Il était davantage intéressé par le nombre de clients qu’il parviendrait à rameuter ce jour-là que par le temps.

Il avait entendu l’enfant d’Allday, Kate, qui gazouillait dans la cuisine. Un petit être aussi heureux qu’on peut l’être ; enfin, pour le moment.

Unis arriva dans l’entrée et le regarda d’un air pensif.

— Je vais aller te chercher de la bière. Tirée de ce matin, juste comme tu aimes.

Elle essuya ses mains toutes propres avec un torchon.

— C’est bien tranquille, pas vrai ? J’espère qu’on va avoir un peu plus de monde, hein ?

Les sabots d’un cheval se firent entendre sur la petite route. John aperçut des boutons qui brillaient, ce chapeau qu’il connaissait si bien, penché pour résister au vent venu de la mer. Un garde-côte.

Il salua en souriant les deux hommes qui s’approchaient de la porte et leur cria :

— Z’avez vu toute cette excitation, à Falmouth ? Ça va pas arranger vos affaires – il y a un vaisseau du roi dans la passe de Carrick, la presse va débarquer ce soir !

Et il s’éloigna en claudiquant, pas plus ému que ça par le malheur des autres.

Unis arriva en courant, elle portait toujours son tablier, ce qu’elle faisait rarement.

— C’est quel vaisseau, Ned ?

L’homme se tourna.

— Une frégate. La Fringante !

L’ex-soldat avec sa jambe en moins passa le bras sur ses épaules et la fit rentrer.

— Je sais à quoi tu penses, ma petite Unis, mais…

Elle se dégagea et resta là, immobile, au milieu de la pièce, les mains jointes. Elle semblait prier.

— John, tu te souviens de la lettre qu’on a reçue ? La Fringante ? C’est un vaisseau de Sir Richard !

Elle examina les lieux.

— Faut refaire le lit. John, va donc chercher le pain frais et dis à Annie de garder l’œil sur la petite Kate !

Il essaya de protester, en vain. Elle ne le regardait plus.

— Par cette porte-ci, mon homme va revenir aujourd’hui même ! Dieu m’en est témoin, j’le savions !

On voyait des larmes, mais elle était plus excitée qu’inquiète.

Il y avait là deux clients, deux charpentiers qui travaillaient dans la petite église, celle où s’étaient mariés Unis et John Allday.

Il allait faire nuit de bonne heure. Il observait sa sœur, l’air préoccupé. Derrière le tambour, dans l’uniforme du roi, comme ils disaient. Mais personne ne vous parlait de l’autre versant des choses.

Unis revint dans l’entrée, l’œil brillant.

— Il est de retour, John, comme je le disais. Comme il me l’a promis.

Et puis il entendit ce bruit pour la première fois, un bruit faible et familier qui dominait le doux gémissement du vent sur les toits. Le clic-clac régulier du poney et de la voiture de Bryan Ferguson. Elle dit doucement :

— Ne t’en va pas, John. Cela te regarde aussi.

La porte s’ouvrit lentement, un peu nerveusement peut-être. On entendait des voix étouffées, elle murmura :

— Mon Dieu, faites que ce soit lui !

Elle se retrouva dans ses bras puissants qui la serraient, elle enfouit son visage dans sa vareuse bleue avec les boutons que Bolitho lui avait donnés.

— Oh, John chéri, cela a été si long ! Tu m’as tellement manqué.

Son frère les regardait.

— Pas besoin d’avoir l’air surpris, John. On vient d’apprendre que La Fringante était au port !

Allday semblait à peine capable de croire qu’il était là.

— Oui. J’étais à son bord. C’est le jeune commandant Adam qui la commande.

Il la tenait délicatement, comme s’il risquait de la casser.

— J’ai tant pensé à cette minute.

Il songeait aussi à la grande demeure grise où il avait laissé Sir Richard avec sa dame. Il avait dû lui écrire, au sujet de son fils. Ça, c’était le pire de tout.

Elle l’avait regardé, très sereine, et lui avait dit :

— Il n’est pas vraiment mort, vous savez. Pensez-y de temps en temps.

Et maintenant, voilà qu’il était là. Il se raidit lorsque la fille qu’Unis employait pour l’aider arriva, le bébé dans les bras. Il avait deviné d’instinct que c’était sa fille, alors qu’elle aurait pu être celle de n’importe qui. Il n’allait pas parler de son fils à Unis. Pas encore, ce moment était pour eux seuls. Il prit délicatement sa fille :

— Elle est encore assez petite.

Unis lui dit doucement :

— Le docteur me dit que je ne pourrai sans doute pas en avoir d’autre, John. Je sais bien que tu aurais préféré avoir un fils.

Il serra l’enfant contre lui en essayant de ne pas penser à cette terrible scène, ce matin de septembre. Amis comme ennemis indifféremment, qui s’aidaient et se consolaient mutuellement lorsque le combat avait cessé et que le pavillon était descendu au milieu de la fumée. Il lui répondit doucement :

— C’est notre Kate. Elle va faire mon bonheur – il hésita : Un fils, ça peut vous briser le cœur.

Unis jeta un coup d’œil à son frère, mais il hocha la tête. Il garderait tout ça pour lui. Elle demanda à Allday :

— Tu es venu tout seul, John ? Personne que tu aurais laissé dehors dans le froid ? Mais que vont dire les gens ?

La porte s’ouvrit, le lieutenant de vaisseau George Avery se pencha pour passer sous les poutres basses.

— Une chambre pour quelques jours, madame Allday ? Je vous en serai très obligé.

Il regardait tout autour de lui, il se souvenait de ce jour, lorsqu’ils étaient partis.

— J’ai jugé plus convenable de laisser Sir Richard profiter de son retour chez lui.

Il souriait, mais elle remarqua que le sourire n’atteignait pas jusqu’à ses yeux bruns.

Elle était prise d’un sentiment étrange. Avec les lettres qu’il lui avait écrites de la part de son homme, elle avait l’impression de très bien le connaître. Avery continua :

— De longues promenades, une bonne nourriture, voilà qui nous laissera le temps de souffler avant la prochaine fois…

Fort satisfait, Allday lui dit :

— Ainsi donc, finalement, vous restez avec le petit équipage ?

— Avais-je vraiment le choix ? répondit Avery.

Il regardait une fois encore l’entrée, lentement, essayant de se pénétrer du calme et de la chaleur de cette pièce accueillante. L’enfant, presque perdue dans les bras d’Allday. Il n’oublierait jamais cette matinée-là. Allday portant avec tant de tendresse le corps de son fils mort à travers le pont ensanglanté, couvert de débris où tant d’hommes étaient tombés ; Allday, seul ou presque, aux derniers moments, avant de laisser glisser son fils dans la mer et de le voir s’éloigner.

Unis s’exclama :

— A boire pour tout le monde ! Bon, monsieur Avery, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?

En guise de réponse, ils entendirent la voiture de Ferguson qui s’éloignait. Il avait attendu jusque-là, au cas où.

Richard Bolitho vint s’asseoir près de la grande flambée et présenta ses mains aux bûches qui brûlaient.

— Lorsque j’ai vu la voiture, Kate…

Il tendit le bras et lui prit la main, elle arrivait avec des verres et du cognac.

— J’ai eu du mal à y croire.

Elle vint se nicher près de lui.

— Buvons à mon amiral ! Un amiral d’Angleterre !

Il passa la main dans ses cheveux, sur son cou où il voyait briller le pendentif. Comment avait-elle pu deviner ? Comment avait-elle su ?

Tant de souvenirs qui lui revenaient, alors qu’ils marchaient ensemble. Les adieux émouvants de Tyacke quand L’Indomptable était entré à Halifax avec ses deux prises faites aux Américains. Il avait besoin d’effectuer des réparations, certaines ne pouvaient attendre. Bolitho l’avait salué une dernière fois lorsque sa marque avait été transférée sur La Fringante. Tyacke lui avait dit :

— Si vous avez besoin de moi, amiral, il vous suffira d’un mot.

Côte à côte, ils avaient regardé leurs prises en fort mauvais état, déjà envahies de monde, et Bolitho lui avait répondu :

— Cela risque de ne pas attendre longtemps. Cette fois, il faut en finir pour de bon.

Tyacke lui avait souri :

— Et ce jour-là, je retournerai en Afrique. J’aimais bien.

Puis il y avait eu la longue traversée de retour, avant d’être convoqué sans délai par l’Amirauté. Il y trouvait même une sorte d’amusement. Encore une fois.

Et le bonheur grave d’Adam, lorsque les canons avaient tonné pour saluer son nouveau bâtiment et celui dont la marque flottait fièrement en tête de grand-mât.

Ce respect du protocole était aussi inattendu qu’émouvant, après tout ce qui s’était passé. Les canons avaient tout dit : ils souhaitaient la bienvenue au plus fameux des enfants de Falmouth qui revenait chez lui.

Bolitho leva les yeux vers elle en entendant Catherine lui dire :

— Prends ton verre, j’ai quelque chose à te montrer.

Main dans la main, ils s’étaient engagés dans l’escalier, étaient passés devant les portraits avant d’enter dans leur chambre.

Il faisait déjà très sombre dehors, Bolitho entendait un renard glapir. Elle lui avait parlé de Roxby, qui comptait prendre son cheval pour venir le voir, mais plus tard.

Elle avait recouvert la toile d’un châle de soie. Elle lui sourit, avec un peu d’appréhension tout de même.

— Prêt ?

Ce n’était pas exactement ce à quoi il s’était attendu, ou peut-être que si ? Elle ne portait pas sa jolie robe de soie sauvage, ni sa tenue de cheval. Elle était pieds nus, ses cheveux flottaient au vent, elle était représentée avec la chemise de marin et le pantalon qu’elle portait à bord du Pluvier Doré lorsqu’il s’était écrasé sur le récif, avant qu’ils souffrent de mille privations à bord de cette chaloupe non pontée, sur la mer immense. Jusqu’à ce que James Tyacke les retrouve.

Elle le regardait, toujours inquiète.

— C’est le vrai moi. Lorsque nous étions si près l’un de l’autre, que nous avions besoin l’un de l’autre comme jamais auparavant.

Il la prit dans ses bras et l’obligea à faire face au grand miroir en pied.

— Je n’oublierai jamais, Kate.

Il la sentait trembler, elle voyait le reflet de ses mains dans la glace, ses mains qui la caressaient, qui la dévêtaient comme si elle était une inconnue. Oublié tout le reste.

— Je t’aime tant… murmura-t-elle. Le reste se perdit lorsqu’il s’approcha d’elle. Dehors dans la nuit, sur le chemin à demi éboulé de la falaise, une mouette assoupie se réveilla soudain.

S’il n’y avait eu ce vent, on aurait pu croire le cri ultime d’une femme.

 

Fin du Tome 21



[1] James Gillray, caricaturiste anglais (1756-1815).

[2] En français dans le texte.

Au nom de la liberté
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